Rôle du récepteur RAGE dans la survenue des cancers
La liaison entre un sucre et une protéine (liaison connue sous le nom de la « réaction de Maillard ») entraîne la formation de produits appelés “de fin de glycation des protéines” (AGEs pour Advanced Glycosylation End products). Ces AGEs se lient à leur récepteur RAGE à la surface des cellules et initient des voies de signalisation du stress oxydant et celles induisant une augmentation de l’expression des gènes de cytokines impliqués dans le recrutement des cellules, mais aussi l’expression du gène codant pour RAGE lui-même.
Ce récepteur membranaire de ces produits de glycation avancée RAGE, est un récepteur multi-ligands de la superfamille des immunoglobulines.
Les AGEs, particulièrement présents dans le diabète, s'accumulent dans les tissus en se fixant aux récepteurs RAGE, et favorisent une réponse inflammatoire prolongée et une libération accrue des espèces réactives de l’oxygène dans le cadre du stress oxydant, responsable des lésions tissulaires et des plaques athéromateuses notamment. Les AGEs et RAGE sont augmentés et jouent un rôle favorisant dans d’autres pathologies, notamment certains cancers, l'insuffisance rénale, le diabète et d'autres maladies cardiovasculaires. Ils favorisent le vieillissement. L’activation du RAGE est également associée à la maladie d’Alzheimer,
Les auteurs font le point sur les cancers (principalement du sein, mélanome, pancréas, hépatocarcinome et colo-rectal), où il existe une hyperexpression des AGEs et surtout du récepteur RAGE.
RAGE stimule l'angiogénèse et notamment la synthèse du VGEF (vascular endothelial growth factor), indispensable à la croissance et la dissémination métastatique des cancers. La protéine VGEF stimule les neurones et la fabrication de nouveaux vaisseaux sanguins (néovascularisation). RAGE stimule également la synthèse d'autres facteurs de croissance tumoraux. L'inhibition de l'expression de RAGE permet une augmentation de l'apoptose des cellules tumorales, une réduction de l'autophagie et de la survie des cellules cancéreuses.
Le développement d’antagonistes de la voie RAGE aurait des effets bénéfiques sur la prévention des complications du diabète, de ces cancers et des maladies inflammatoires.
REFERENCE : Sho-ichi Yamagishi, Takanori Matsui and Kei Fukami : Role of Receptor for Advanced Glycation End Products (RAGE) and Its Ligands in Cancer Risk. Rejuvenation Research. 2015, 18 (1) : 48-56.
Par le Docteur Christophe de JAEGER